RAW

Note : Je déteste le porno. Le sexe aussi. Je crois.

J’ai envie de vomir. Reprenons.
J’ai toujours été fasciné⋅e par les corps. C’est quelque chose de banal mais tellement extraordinaire en même temps. Tout les corps sont différents, vivants, ils bougent, interagissent avec le milieux, changent. Je trouve ça délirant.
Les corps des autres sont secrets, mystérieux, inaccessibles.

Au début j’ai découvert le porno et j’ai trouvé ça bof. Après j’ai eu la puberté. J’ai changé d’avis sur le porno.
La puberté a eu deux effets :
- Je peux profiter des plaisirs de la chair
- Je déteste mon corps

Je déteste mon corps qui s’est transformé pour refléter un genre qui ne me correspond pas. Je déteste ses imperfections. Je déteste ses limitations. Je le déteste parce qu’il fait parti de moi et que je suis obligé⋅e de le conserver.

Je déteste les corps des autres. Je déteste les défauts qu’ils n’ont pas. Je déteste la comparaison que je fais entre les autres et moi.

Je déteste les corps. Le côté mécanique. La viande.

Je crois que je suis addict à la pornographie. Ou au sexe.
Une fois j’ai essayé le sexe. Je déteste. C’est de la boucherie. Frottements. Viscosité. Chair. Viande.
La première fois, j’avais envie de me tailler les avant bras au cutter tellement j’ai trouvé ça ignoble. C’était mieux quand on me le racontait.

Je déteste moins les pornos. Au moins ça donne du plaisir, pendant un instant. On est pas obligé de supporter l’autre et sa dérangeante proximité physique, ses désirs. C’est égoïste.
Les pornos au moins c’est honnête. C’est franc. On voit le dégoût et le manque d’intérêt dans les yeux des acteurs. On voit que ce sont des acteurs. La boucherie gonzo¹ est assumée. Mais pas au début. Ça permet de calmer ses pulsions pour un moment. Mais l’après. L’après est le pire. Comme pour toute drogue.
L’après est violent. Je reste pendant plusieurs minutes à regarder les vidéos défiler en me maudissant. Un fois le besoin assouvi la réalité revient. Je vois enfin la réalité de ce que je viens de voir. Une scène animale. Immonde. Dégoûtante. Abjecte.
Et je me hais. Je me sens coupable. Jusqu’à la prochaine fois.

Fin de la parenthèse.
J’ai envie de vomir. Aujourd’hui la redescente était plus violente que d’habitude. On voyait tellement le refus dans les yeux de l’actrice.La misère. Son non consentement. La nécessité.
Et j’ai quand même joui. Je suis resté passif⋅ve devant l’écran. Je n’ai pas fermé l’onglet. Qu’est-ce qui me différencie d’une bête. D’un monstre. Je me déteste. J’aimerai mourir.

Est-ce qu’un jour je serai sauvé⋅e ? S’il vous plaît. Me laissez pas comme ça.

¹ Ça ressemble presque à boucherie Sanzot.
² J’arrive pas a exprimer tout ce que je veux dans cet écrit. Faut que j’apprenne à écrire.