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Il y a une coccinelle sur mon écran.
Sérieusement. Je dois agir. Ressaisie toi Missy. Je peux plus vivre comme ça. Aujourd’hui j’ai commencé a angoisser à partir de 18h alors que d’habitude je me sens pas mal avant la tombé de la nuit.
J’ai de plus en plus de mal à continuer à vivre. Je me sens mal tout le temps. Pas mal comme le soir, juste une petite boule dans le ventre. Quand j’étais en sixième la prof nous avais engueulé parce que certains enfants se sentaient rejeté et venaient au collège avec la boule au ventre. J’avais trouvé ça absurde. Quelques années plus tard le nœud de mon estomac ne se défait plus.
Faut que je fasse quelque chose. Y’a pas beaucoup d’options :
- Je fais mon coming-out (aux gens qu’il faut) en tant que trans et dépressif⋅ve. J’espère être internée ou mis⋅e sous beaucoup d’antidépresseur. Mais je veux que personne ne le sache. Je veux pas qu’on m’en parle. J’ai honte. D’être malade, d’être trans aussi un peu. J’entends souvent les gens de ma classe dire à quel point les trans sont des déchets. Je me sens faible. Et il faut éliminer les faibles.
- Je (re)commence l’alcool et la drogue. Mais pas de la beuh. Faut que ce soit discret. Là encore je veux pas que les gens voient que je me drogue. Parce que c’est interdit. Parce que je veux pas de questions de leur part. Parce que repenser au commissariat me fait instantanément angoisser encore plus.
- Je me suicide. Mais je suis même pas capable de ça. Pitoyablement faible.
En vrai je sais que je préfère la première option. Mais j’aurai jamais le courage de rentrer dans un cabinet et de parler. De rentrer chez moi et d’expliquer aux gens que je ne suis pas sans cœur, je suis juste malade. Et j’essaie de tuer la douleur.
Alors j’attends.
Je regrette de vivre. Peut-être que je recommence à me mutiler ça me permettra de décompresser un peu.
J’ai envie de pleurer.
Je veux juste être considérée par les humains. Parlez-moi. Faites de moi l’un⋅e des votre. J’existe. Je ne suis pas un⋅e nerd asocial. Moi aussi je veux aller en soirée, fumer des joints en rigolant, boire des bières et coucher avec des gens. Je veux refaire le monde couché⋅e sur l’herbe au levé du jour. Je veux pouvoir appeler quelqu’un si je veux. Je veux partager le vocabulaire que vous avez. Avoir des références secrètes pour faire des blagues privées. Je veux vivre des choses avec vous pour en reparler dans 20 ans se disant que la jeunesse c’était le bon temps. Qu’on était cons et jeunes et qu’on rigolait bien.
Je veux juste ne plus passer mes journées enfermé⋅e chez moi.
Depuis que je suis tout⋅e petit⋅e on me répète que l’année prochaine sera mieux. Que la vraie vie va commencer. Que c’est les meilleurs années de la vie. Je suis si déçu⋅e chaque année.
Quand j’étais petit⋅e j’étais toujours læ plus intelligent⋅e. Les gens me parlaient pour avoir les réponses. Je pensais qu’au bout d’un certain nombre de réponse ils cesseraient de se moquer et m’intégreraient dans leur bande. LOL.
Collège changement de stratégie. En plus il y a d’autres enfants intelligents. « Je peux pas devenir le plus intelligent je serai le plus stupide. » Changement de stratégie. Je commence a essayer de devenir un élément perturbateur. Pour gagner en popularité. Je reste une bête de foire à qui on demande les réponses. Puis d’un coup écran noir. Mutilation. Hello darkness my old friend.
Confiance en moi sur l’échelle de Richter : -10
Retour au paragraphe au dessus. En fait j’aurai voulu être comme les jeunes de mon âge. Faire partie d’une bande de potes. Grandir avec eux. Mais c’est plus possible. Les gens sont bien ensembles. Je suis de trop.
Une fois j’ai vu une vidéo de viol sur l’internet. C’est horriblement violent. Je peux même pas le décrire. C’est pas violent avec des cris des coups et ce qu’on imagine. On voit que la victime est brisée. Totalement. Je me déteste.
Quand je me mutilais j’étais toujours à la recherche de trucs trash comme ça. Je traînais sur rotten et pr0gramm. J’espérais qu’à force de voir suffisamment d’images je pourrais annihiler ma douleur. Je crois me rappeler d’une vidéo sur liveleaks ou des adolescents tailladent des cadavres avec des lames de rasoirs et des couteaux. D’une mamie qui essaie de rattraper le bus qui démarre mais se prend le manteau dans la roue et se fait écraser. D’une famille découpée à la machette.
Si tu savais comme je me hais pour ça. Je me suis pas blindé⋅e en regardant ça. J’ai juste remué le couteau dans la plaie. C’était en troisième. Après j’étais moins en détresse j’ai arrêté.
Je viens d’ouvrir rotten pour vérifier le lien. C’est les mêmes news qu’il y a plusieurs années. Le site dois plus être à jour.
Je sais plus ce que je voulais dire/faire dans cet écrit. Je suis cassé⋅e. J’ai besoin d’aide. Au secours. Tuez-moi.